EDF - Le Livre Blanc

EDF 10 Le premier d’entre eux est directement en lien avec le paradoxe d’un mouvement individuel et collectif : l’iniquité des situations de départ. Un second obstacle dans ce jeu de sobriété multi-joueurs repose sur les différentes échelles de temps. Le troisième obstacle que nous voyons se mettre en place provient du couplage des 2 premiers : la peur de perdre dans le changement. Pays riches, pays émergents et pays pauvres doivent tous œuvrer dans le même sens en étant interdépendants de leurs échanges de matières premières, de biens et de services tout en permettant à chacun d’atteindre ses objectifs de développement propres. Cette lecture est transposable à une échelle individuelle par ailleurs. Dans une logique de concurrence plutôt que de coopération, quels leviers pourraient inciter une entreprise à revoir ses critères de performances si aucun de ses concurrents n’agit dans le même sens ? Sur un plan individuel, dans une logique de réussite sociale par le niveau de consommation possible plutôt que par l’investissement collectif, quels critères motiveraient à investir dans un nouveau schéma de société si aucun autre n’agit dans le même sens ? La régulation permettrait d’agir dans cette direction. Par exemple, une régulation internationale telle que le prix du carbone œuvrerait pour lever ce type d’obstacle. Ces 3 obstacles nous amènent à soulever de nombreuses questions qu’il semble falloir considérer pour établir une stratégie collective et individuelle soutenable sur le temps long et viable sur le temps court, de proche en proche, un pas après l’autre. Le temps court prend le pas sur le temps long dans l’élaboration d’une stratégie. Beaucoup d’indicateurs utilisés pour penser une stratégie, le PIB étant le plus symbolique d’entre eux, sont des indicateurs de temps court économique là où la problématique relève du temps long du vivant. Les investissements à mener dès aujourd’hui auront un impact dans plusieurs années voire décennies. Si le souhait dans un futur proche est de faire que nos modes de vie ne se dégradent pas, certains investissements nécessaires vont pourtant en premier lieu détruire pour reconstruire : de nouvelles filières de compétences, du nouveau patrimoine industriel, de nouveaux types d’habitation, de nouvelles organisations de société, … Si l’enjeu individuel doit être dépriorisé devant l’enjeu collectif, est-ce pour y perdre ou y gagner ? Nous voulons concilier préservation de la planète, bien-être et développement sans régression, en tout cas majeure. Quels sont dans ce cas les renoncements acceptables ou mineurs ? Pouvons-nous accepter l’idée de ne pas faire plus ou mieux ou de faire avec sobriété ? La disparité des échelles de temps et les diversités des situations de départ semblent plutôt nous pousser à privilégier la préservation de court terme de proche en proche pour ne pas y perdre de trop individuellement. Ainsi faisant, nous nous éloignons progressivement des meilleurs moments pour déclencher des investissements positifs à moyen ou long terme. Les obstacles À quel jeu jouons-nous ? La tribune des Ice Makers Le Livre Blanc

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